Le voyage vers Mende (mai 1455)

Nombre de messages : 221 Date d'inscription : 10/01/2007

Au mois de mai 1455, Alors qu’Eros remettait les clefs de la mairie de Carcassonne, il se mit en route pour traverser le Languedoc. Depuis quelques temps déjà, il pensait sérieusement à s’investir complètement dans sa foi et à marcher sur les pas de ses ancêtres. De plus il lui fallait rejoindre Mende pour se recueillir sur le calvaire du défunt et regretté Arganossius

Il prêcha d’abord dans son propre village. C’était la première fois qu’Eros prêchait. Il était pleinement convaincu que l’être divin était tout puissant, mais surtout il en parlait avec sa foi.

Citation :: Mes amis, mes frères et mes sœurs, Oui ! L’être divin est tout puissant. Comment osez prétendre alors qu’une seule foi et qu’une seule Eglise pourrait le servir ? D’autant si les représentants de celle ci se dérobent à leurs fonctions laissant les âmes des ouailles sans assistance ? A défaut de prêches et de messes Aristotéliciennes, nous les cathares Renaissants ne laisserons pas Carcassonne à la dérive spirituelle. Croyez le, mes amis, l’être divin est tout puissant, il peut ouvrir les portes de son monde à qui il le désire sans aucune distinction de ce que nous croyons fondés et établis. L’homme, ou la femme, qui croit cela et qui fait le bien est juste dans sa foi. Que Dieu vous mène à bonne fin, paix sur vos âmes.

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Il était tôt lorsqu’il prit la route pour Narbonne. A cette heure le soleil était à peine levé et personne ne l’avait vu s’en aller. Sur lui, des habits humbles, une chemise, des braies et une paire de chausse. En poche, un caillou et une miche de pain.
Il nous reste peu d’archive pour vous conter avec précision ce qui s’est passé et surtout nous n’avons plus de copies de toute les prêches. Mais voici, dans les grandes lignes, l’aventure d’Eros, premier prêcheur cathare de retour sur les terres languedociennes.
Or donc, Eros passa quelques jours paisibles à Narbonne où il se maudit juste d’avoir oublier de prendre sa barque. En dehors de cela il prêcha une journée à Narbonne en dévoilant comment, pour le cathare, l’être divin est tout puissant.

Lorsqu’il arriva à Bézier, il lui fut demander de rester trois jours en quarantaine ; et cela du fait de la menace de la peste. La peste ! Eros en avait entendu parler et il savait qu’elle sévissait à l’est du Languedoc. La peste qui s’abattait sur n’importe quel gueux ou noble gens sans distinction, illustrait parfaitement le mal qui ronge ce monde et auquel on ne peut associer Dieu. Voilà qui lui inspira, durant ces trois jours de quarantaine, une grande prêche dont nous n’avons malheureusement plus copie.

Ensuite Eros arriva à Montpelier, capitale du Languedoc, et il se désolait de n’y rien trouver ni personne à qui dire ses vérités. Il maudissait en lui même quelques instant, les rois de ce monde qui pensaient avant toute chose à l’expansion de leur domaine au lieu de s’attarder à rendre le royaume un peu plus attractif…Enfin, il ne s’agissait somme toute que d’une journée de perdue et l’on connaît Eros grognon.

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Arrivé à Nîmes, Eros savait que le mal sévissait. La peste était là qui l’entourait. Eros restait serein, il ne doutait pas que le bien le protégeait et il était prêt, aussi, à rendre son âme à Dieu si le mal le prenait. Terrifié par ce qu’il vit de l’horreur du mal, il prêcha alors pour le bien des habitants et pour exorciser ses images d’épouvantes qui s’était gravées dans son esprit.

Citation :: Amis Nîmois,

Du tréfonds de la terre nous remontent les enfers ! La peste arrive alors à la surface de la terre et les rats, au service du sans nom, la propage partout où sont les hommes.
Comment Dieu peut il laisser le fléau s'enraciner si profondément en Nîmes en un si court laps de temps ?

Voici l’avenir de ce monde, désolation et misère. Car, sachez-le, seul dieu est bon et nul mal ne peut le toucher. Aussi dieu a abandonné ce monde, laissé au sans nom, et il nous faut aussi abandonner gloire, ambition, avoir et orgueil pour faire le bien et espérer rejoindre le puissant dans le monde du bien.
Croyez le Nîmois, c’est par la vertu que vous vous protègerez du mal de ce monde.

Car enfin, qu’il y ait plusieurs cultes ou plusieurs pratiques de la vertu, l’être divin, lui, est tout puissant et il peut ouvrir les portes de son monde à qui il le désire sans aucune distinction de ce que nous croyons fondés et établis. L’homme, ou la femme, qui croit cela et qui fait le bien est juste dans sa foi. Que Dieu vous mène à bonne fin, paix sur vos âmes.

Par la foi des anciens, je bénis ce village et j’invoque leur protection.

Mes frères, mes sœurs, allez maintenant en paix. Dieu vous bénisse.

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Eros reprit sa route et se dirigea vers Alais. Doucement, il devenait adroit dans l’art de la prêche. Mais alors qu’on l’écoutait, certains s’étonnaient et les propos d’Eros ne passait pas inaperçu. Bien sur Eros savait que rien ne l’empêchait, à la lecture du concordat, de prêcher. Malheureusement, Eros en fit trop, et mentionna à plusieurs reprises l’adresse de sa maison de prière. Or l’article trois du concordat est sans équivoque, il interdit toutes formes de prosélytisme des cultes tolérés. Eros, en bonne foi, ne se rendait pas vraiment compte de sa faute, mais bien assez vite, on allait le lui rappeler.
Arrivé à Alais, il se mit donc à prêcher avec sans doute un peu trop d’entrain

Citation :: Amis Alaisiens,

Mes amis, mes frères et mes sœurs, Oui ! L’être divin est tout puissant. Comment osez prétendre alors qu’une seule foi et qu’une seule Eglise pourrait le servir ?
Et si l’être Divin est tout puissant, comment expliquer qu’il laisse la peste noire se répandre en Languedoc frappant hommes, femmes et enfants innocents ?

Nous, les cathares Renaissants, pensons que le mal ne peut pas venir de Dieu, ni le toucher. C’est pourquoi nous croyons que Dieu a abandonné ce monde au sans nom. Il nous faut donc maintenant abandonner gloire, ambition, avoir, orgueil et chaire pour faire le bien et espérer rejoindre le puissant dans le monde du bien.
Croyez le Alaisiens, c’est par la vertu que vous vous protègerez du mal de ce monde et trouverez le salut auprès du Divin après les souffrances endurées dans ce monde.

Oui, Croyez le, mes amis, l’être divin est tout puissant, il peut ouvrir les portes de son monde à qui il le désire sans aucune distinction de ce que nous croyons fondés et établis. L’homme, ou la femme, qui croit cela et qui fait le bien est juste dans sa foi.

Que Dieu vous mène à bonne fin, paix sur vos âmes.
Par la foi de nos ancêtres, je vous bénis, amis Alaisiens.

Hrp/ Pour rejoindre les cathares Renaissants (ou pour des renseignements), suivez le lien indiqué sur ma fiche ou contactez moi par mp /Hrp

Peu après cette prêche, Eros apprit que ses prêches faisaient l’objet d’une plainte et qu’un tribunal se prononcerait prochainement sur ces agissements. En fait, la mention de l’adresse de la maison de prière était réellement condamnable. Eros douta, mais n’est ce pas ce même doute qui a toujours affermi sa foi ? Etrange paradoxe mais qui explique sans doute son refus du dogme. Dans ces moments, Eros sentait combien il était cathare

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Puis Eros reprit sa route et se dirigea vers Mende. C’était le but de son voyage et il se rendit au calvaire d’Arganossius pour rendre un dernier hommage à son défunt et regretté ami. Sur le calvaire il dit :

« Arganossius, mon regretté ami, j’ai besoin de ton aide en ces moments difficiles. Donne-moi la force d’affronter le procès qui m’attend. Donne-moi la force qui te faisait brandir l’étendard de la justice. Donne-moi la sérénité qui t’a mené en paix au seigneur.
Je prêche la grandeur du dieu unique et je sais que cela est juste. Ce chemin que j’ai fait pour venir te rendre ce dernier hommage s’est révélé comme une épreuve. Après ton vœu pieux et la cérémonie d’enterrement, certains se sont empressés de fermer les portes que tu avais ouvertes. Je suis sur que si tu avais été là, tu aurais pris notre défense dans cette affaire qui m’oppose aujourd’hui au tribunal ecclésiastique.
Comme tu me manques mon ami.
Sois en paix. Donne-moi d’être fort et digne dans ma foi. Je le sais, il n’y a rien à attendre de ce monde. Adieu mon frère ; j’arriverai, moi aussi, à bonne fin.»

Puis il prêcha dans le village de Mende la toute puissance divine en rappelant l’intérêt que portait Arganossius aux différentes manifestations de la foi, ce qui faisait de lui un Diacre Aristotélicien hors du commun.

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Il continua sa route et passa par Le Puy sans vraiment s’y attarder. Il était question pour Eros de rejoindre au plus vite le Bourbonnais Auvergne pour y lire « la république » de Platon, un ouvrage qu’Eros s’impatientait de dévorer. Pour le plus grand bonheur d’Eros, il n’était pas encore question de rejoindre la capitale pour avoir accès à la bibliothèque. Dès lors, arrivé au premier village il put rassasier sa soif de lire et dès le lendemain le voici convaincu que l’homme sage doit participer à la vie de la citée. Cette idée est maintenant claire et distincte dans son esprit.

« Pourquoi contempler le monde ? » se dit Eros. « Seul le monde de dieu est beau et mérite que l’on s’y attarde. Le mal domine ce monde et nous devons être cohérents dans nos actions pour espérer une communauté et se revendiquer d’une quelconque humanité. Il est donc nécessaire, et l’homme sage le sait, de participer pleinement à la vie de sa cité ou de son village »

Eros s’en retourna alors vers Carcassonne, un bien être l’envahissait. La craintte du procès s’estompait et c’était de bon aloi. En effet, alors que cette histoire date de plus d’un mois, aucun semblant de début de procès n’a encore eu lieu et si l’EA menace, elle semble bien incapable de pouvoir agir. De beaux jours semblaient s’annoncer pour les cathares renaissants.

» Un long chemin vers la foi cathare
» Un long voyage...