Isambre monta lentement les marches de l’escalier qui séparait la salle de prière cathare du couloir menant à la chambre provisoire de Gurgald. Elle remarqua alors pour la première fois le dépouillement rigoureux de la bâtisse. On avait souhaité, visiblement, laisser les murs nus de toute tapisserie. Seule une jonchée fraîche adoucissait quelque peu l’austérité du parterre froid et une large ouverture dépensait sa luminosité rassurante. Arrivée au seuil de la deuxième porte, située à quelque pas du palier du premier étage de la maison, Isambre sembla hésiter quelques instants. Elle posa la main sur le loquet de la porte, puis, tremblante, ouvrit.
La scène n’avait rien de terrifiant, contrairement à ses craintes. Seule une odeur acre de plantes médicinales et une chaleur étouffante lui frappèrent quelques instants le visage.
Gurgald gisait là, dormant du sommeil du juste, sereinement. Isambre s’assit sur le lit et prit la main de son vieil ami. Elle resta ainsi de longues minutes, se remémorant les moments de joie en taverne, les fous rires que les habitants de Carcassonne avaient vécus avec leur maire, puis leur comte. Elle soupira en pensant à son amie Dratus. L’émotion la submergea et d’un geste rapide de la main elle essuya l’humidité de ses yeux.
La fortune avait été bien cruelle avec cet âme juste et loyale, cet homme intègre en qui elle avait cru, en qui elle croyait toujours.
Elle murmura une prière aristotélicienne, se signa et médita quelques instants encore.